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Le fidèle absolu (Musique de Jacques Muñoz) |
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Le seul arbre qu’il connaissait Sous sa fenêtre florissait. C’était le rustique absolu, L’homme d’un seul jardin, pas plus. Et les globe-trotters, Et les explorateurs, Coureurs de forêts vierges, Regardaient, étonnés, Ce bonhomme enchaîné À sa tige d’asperge. Bonhomme sais-tu pas Qu’il existe là-bas Des forêts luxuriantes, Des forêts de Bondy, Des forêts de Gasti- ne et de Brocéliande ? Et l’homme répondit «Je le sais bien, pardi, Mais le diable m’emporte Si je m’en vais chercher Au diable ce que j’ai Juste devant ma porte.» Je n’ai vu qu’un seul arbre, un seul, mais je l’ai vu, Et je connais par cœur sa ramure touffue, Et ce tout petit bout de branche me suffit : Pour connaître une feuille, il faut toute une vie. Si l’envie vous prenait de vous pendre haut et court, Soyez gentil, ne vous pendez pas à mon arbre ! Il n’avait jamais voyagé Plus loin que l’ombre du clocher. C’était l’autochtone absolu, L’homme d’un seul pays, pas plus. Et les globe-trotters, Et les explorateurs, Tous les gens du voyage, Regardaient étonnés Cet être cantonné Dans son petit village. Bonhomme sais-tu pas Qu’il existe là-bas, Derrière tes montagnes, Des pays merveilleux, Des pays de cocagne Et l’homme répondit : «Je le sais bien, pardi, Mais le diable m’emporte Si je m’en vais chercher Au diable ce que j’ai Juste devant ma porte.» Je n’ai vu qu’un village, un seul, mais je l’ai vu, Et ses quatre maisons ont su combler ma vue, Et ce tout petit bout de monde me suffit: Pour connaître une rue, il faut toute une vie. Si l’envie vous prenait de tirer le canon, Soyez gentil, ne tirez pas sur mon village. Il n’avait jamais embrassé Personne que sa fiancée. C’était le fidèle absolu, L’homme d’un seul amour, pas plus. Et les globe-trotters, Et les explorateurs, Friands de bagatelle, Regardaient étonnés Ce bonhomme enchaîné À son bout de dentelle. Bonhomme sais-tu pas Qu’il existe là-bas Des beautés par séquelles, Et qu’on peut sans ennui Connaître mille nuits De noces avec elles ? Et l’homme répondit : «Je le sais bien, pardi, Mais le diable m’emporte Si je m’en vais chercher Loin d’ici ce que j’ai Juste devant ma porte.» Je n’ai vu qu’un amour, un seul, mais je l’ai vu, Et ce grain de beauté a su combler ma vue, Et ce tout petit bout de Vénus me suffit : Pour connaître une femme, il faut toute une vie. Si l’envie vous prenait de courir les jupons, Soyez gentil, ne courez pas après ma belle. |
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