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Les passantes (Poème by Antoine Pol) |
The passersby (Poem by Antoine Pol) |
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Je veux dédier ce poème À toutes les femmes qu’on aime Pendant quelques instants secrets, À celles qu’on connait à peine Qu’un destin différent entraîne Et qu’on ne retrouve jamais. À celle qu’on voit apparaître Une seconde à sa fenêtre Et qui, preste, s’évanouit, Mais dont la svelte silhouette Est si gracieuse et fluette Qu’on en demeure épanoui. À la compagne de voyage Dont les yeux, charmant paysage, Font paraître court le chemin; Qu’on est seul, peut-être, à comprendre Et qu’on laisse pourtant descendre Sans avoir effleuré sa main. À celles qui sont déjà prises Et qui, vivant des heures grises Près d’un être trop différent, Vous ont, inutile folie, Laissé voir la mélancolie D’un avenir désespérant. Chères images aperçues, Espérances d’un jour déçues, Vous serez dans l’oubli demain; Pour peu que le bonheur survienne Il est rare qu’on se souvienne Des épisodes du chemin. Mais si l’on a manqué sa vie, On songe avec un peu d’envie À tous ces bonheurs entrevus, Aux baisers qu’on n’osa pas prendre, Aux cœurs qui doivent vous attendre, Aux yeux qu’on n’a jamais revus. Alors, aux soirs de lassitude, Tout en peuplant sa solitude Des fantômes du souvenir, On pleure les lêvres absentes De toutes ces belles passantes Que l’on n’a pas su retenir. |
I want to dedicate this poem To all women we love For a few secret moments, To those we barely know That a different destiny leads And that we will never find again. To the one we see appearing For a second at her window And who, suddenly, vanishes, But whose slender silhouette Is so graceful and tenuous That we remain fulfilled. To the traveling companion Whose eyes, charming landscape, Make the journey appear short; That we alone, perhaps, understand And yet let her get off Without touching her hand. To those already taken And who, living grey hours Beside too different a person, Let you glimpse, useless madness, At the melancholy Of a desperate future. Dear images seen, Failed hopes of a day, You will be forgotten tomorrow; As soon as happiness befalls us It’s rare to remember The episodes of our past. But if we failed our life, We dream with some envy All the glimpsed happiness, The kisses that we dared not take, The hearts that ought to wait for us, The eyes we’ve never seen again. So, on the nights of weariness, While populating our solitude With ghosts of remembrance, We cry the absent lips Of all these beautiful passers-by Whom we were unable to retain. |