Home → Recorded Songs → 1969 → La rose, la bouteille et la poignée de mains |
ENGLISH |
|
ITALIANO | |||
---|---|---|---|
La rose, la bouteille et la poignée de mains | The rose, the bottle and the handshake | ||
1 Cette rose avait glissé de La gerbe qu’un héros gâteux Portait au monument aux Morts. Comme tous les gens levaient leurs Yeux pour voir hisser les couleurs, Je la recueillis sans remords. Et je repris ma route et m’en allai quérir Au p’tit bonheur la chance un corsage à fleurir. Car c’est une des pir’s perversions qui soient Que de garder une rose par-devers soi. La première à qui je l’offris Tourna la tête avec mépris, La deuxième s’enfuit et court Encore en criant «Au secours! » Si la troisième m’a donné Un coup d’ombrelle sur le nez, La quatrièm’, c’est plus méchant, Se mit en quête d’un agent. Car, aujourd’hui, c’est saugrenu: Sans être louche, on ne peut pas Fleurir de belles inconnu’s. On est tombé bien bas, bien bas… Et ce pauvre petit bouton De rose a fleuri le veston D’un vague chien de commissaire, Quelle misère! 2 Cette bouteille était tombé’ De la soutane d’un abbé Sortant de la messe ivre mort. Une bouteille de vin fin Millésimé, béni, divin: Je la recueillis sans remords. Et je repris ma route en cherchant, plein d’espoir, Un brave gosier sec pour m’aider à la boire. Car c’est une des pir’s perversions qui soient Que de garder du vin béni par-devers soi. Le premier refusa mon verre En me lorgnant d’un œil sévère, Le deuxième m’a dit, railleur, De m’en aller cuver ailleurs. Si le troisième, sans retard, Au nez m’a jeté le nectar, Le quatrième, c’est plus méchant, Se mit en quête, d’un agent. Car, aujourd’hui, c’est saugrenu, Sans être louche, on ne peut pas Trinquer avec des inconnus. On est tombé bien bas, bien bas… Avec la bouteille de vin fin Millésimé, béni, divin, Les flics se sont rincé la dalle, Un vrai scandale! 3 Cette pauvre poigné’ de main Gisait, oubliée, en chemin Par deux amis fâchés à mort. Quelque peu décontenancé’, Elle était là, dans le fossé. Je la recueillis sans remords. Et je repris ma route avec l’intention De faire circuler la virile effusion. Car c’est une des pir’s perversions qui soient Qu’ de garder une poigné’ de main par-devers soi. Le premier m’a dit: «Fous le camp ! J’aurais peur de salir mes gants.» Le deuxième, d’un air dévot, Me donna cent sous, d’ailleurs faux. Si le troisième, ours mal léché, Dans ma main tendue a craché, Le quatrièm’, c’est plus méchant, Se mit en quête d’un agent. Car, aujourd’hui, c’est saugrenu: Sans être louche, on ne peut pas Serrer la main des inconnus. On est tombé bien bas, bien bas… Et la pauvre poigné’ de main(s), Victime d’un sort inhumain, Alla terminer sa carrière A la fourrière! |
1 This little rose had slipped out Of the bunch that a senile hero Was bringing to the monument to the Fallen. As everybody had raised their eyes To watch lifting the flag, I picked it up with no remorse. And I returned on my road to go looking For a chance to adorn with a flower a lady’s dress. As it is one of the worst perversions To keep a rose for themselves. The first to whom I offered it Turned her head in disdain, The second one ran away and she’s still Running crying «Help! » If the third one hit my nose With her umbrella, The fourth one, it was nastier, Went looking for a cop. Because, nowadays, it’s disconcerting: Without being shady, you can’t Give a flower to a good-looking unknown lady. We have hit the bottom, the bottom indeed… And this poor little floret Of rose garnished the jacket Of a mad dog sherif, What a misery! 2 This bottle had fallen from The vest of a priest Leaving the mass drunk as a lord. A bottle of fine wine Trademarked, blessed, holy: I picked it up with no remorse. And I returned on my road hoping to find A jolly dry throat to help me drinking it. As it is one of the worst perversions To keep a bottle for themselves. The first one refused my glass Giving me a severe look, The second one told me, making fun of me, To go get sober somewhere else. If the third one, losing no time, Threw the nectar at my nose, The fourth one, it was nastier, Went looking for a cop. Because, nowadays, it’s disconcerting: Without being shady, you can’t Toast with a stranger. We have hit the bottom, the bottom indeed… With the bottle of fine wine Trademarked, blessed, holy, The cops flushed their throats, What a scandal! 3 This poor handshake Lay, forgotten, on the road By two friends who got mad at each other. Feeling lost and shameful, It was there, in the ditch. I picked it up with no remorse. And I returned on my road with the intention Of circulating the virile gesture. As it is one of the worst perversions To keep a handshake for themselves. The first one told me : «Get lost ! I don’t want to sully my gloves.» The second one, with a pious face, Gave me a buck, eventually forged. If the third one, a badly-trained bear, Spat in my stretched-out hand, The fourth one, it was nastier, Went looking for a cop. Because, nowadays, it’s disconcerting: Without being shady, you can’t Give a handshake to a stranger. We have hit the bottom, the bottom indeed… And the poor handshake, Victim of an inhuman fate, Ended up finishing its career At the pound! |