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Lèche-cocu
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Comme il chouchoutait les maris, Qu’il les couvrait de flatteries Quand il en pinçait pour leurs femmes, Qu’il avait des cornes au cul, On l’appelait lèche-cocu. Oyez tous son histoire infâme. Si l’mari faisait du bateau, Il lui parlait de tirant d’eau, De voiles, de mâts de misaine, De yacht, de brick et de steamer, Lui, qui souffrait du mal de mer En passant les ponts de la Seine. Si l’homme était un peu bigot, Lui qui sentait fort le fagot Criblait le ciel de patenôtres, Communiait à grand fracas, Retirant même en certains cas L’pain bénit d’la bouche d’un autre. Si l’homme était sergent de ville, En sautoir - mon Dieu, que c’est vil - Il portait un flic en peluche, Lui qui, sans ménager sa voix, Criait : «Mort aux vaches» autrefois, Même atteint de la coqueluche. Si l’homme était un militant, Il prenait sa carte à l’instant Pour bien se mettre dans sa manche, Biffant ses propres graffiti Du vendredi, le samedi Ceux du samedi, le dimanche. Et si l’homme était dans l’armée, Il entonnait pour le charmer : «Sambre-et-Meuse» et tout le folklore, Lui, le pacifiste bêlant Qui fabriquait des cerfs-volants Avec le drapeau tricolore. Eh bien, ce malheureux tocard Faisait tout ça vainement, car Étant comme cul et chemise Avec les maris, il ne put Jamais parvenir à son but: Toucher à la fesse promise. Ravis, ces messieurs talonnaient Ce bougre qui les flagornait À la ville, comme à la campagne, Ne lui laissant pas l’occasion De se trouver, quelle dérision, Seul à seul avec leurs compagnes. Et nous, copains, cousins, voisins, Profitant (on n’est pas des saints) De ce que ces deux imbéciles Se passaient rhubarbe et séné, On s’partageait leur dulcinée Qui se laissait faire docile. Et, tandis que lèche-cocu Se prosternait cornes au cul Devant ses éventuelles victimes, Par surcroît, l’on couchait aussi –La morale était sauve ainsi– Avec sa femme légitime. |
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